jeudi 29 janvier 2009

Où le Figaro parle d'économie expérimentale (et accessoirement du LABEX de Rennes 1)...

Un article du Figaro un peu ancien, mais qui a la vertu de parler d'une discipline en plein essor et un peu du LABEX (LABoratoire d'EXpérimentation de Rennes 1)... Notamment, il résume une série d'études entreprises dans différents pays de culture très différentes sur l'impact des mécanismes de sanction sur les comportements de coopération...
cliquez sur le lien !
http://www.lefigaro.fr/sciences/2008/03/11/01008-20080311ARTFIG00040-l-esprit-d-equipe-varie-d-un-pays-a-l-autre-.php

L'impact de la violence des films sur la violence réelle




Comme c’est une question qui me tarabuste depuis longtemps, je vous signale un article passionnant de Gordon Dahl et Stephano Della Vigna sur l’impact de la violence des films sur la violence "réelle", ie sur le taux de criminalité. Ces auteurs montrent que l’augmentation du degré de violence dans les films, qui va de pair avec une audience plus importante, a tendance à diminuer significativement le taux de criminalité à court terme.
L’explication est en fait toute simple : les criminels potentiels ont tout simplement moins de temps pour réaliser d’éventuels délits s’ils passent du temps dans les salles obscures, cet effet étant renforcé par le fait qu’ils ont aussi moins de temps pour consommer de l’alcool, cette consommation étant positivement correlée avec le taux de criminalité...  Le genre de papier que l’on devrait présenter aux étudiants pour leur expliquer l’effet de substitution (même s’il y avait déjà des papiers fameux de Gary Becker sur le sujet).
Ce résultat empirique ne va d’ailleurs pas dans le sens de l’évidence expérimentale. Dans les expérimentations en laboratoire, les sujets ont tendance à avoir un comportement plus agressif dans les situations dites de dilemmes sociaux (type jeu de bien public ou dilemme du prisonnier) quant on leur a au préalable fait subir une séance de visionnage d’extraits de films genre "orange mécanique" ou "full metal jacket" (pour reprendre des films de mon réalisateur culte).
A quant les stages "terminator prédator non stop" pour calmer les enfants?
ci-dessous, la référence de l’article et le lien vers le site de S. Della Vigna (plein d’autres papiers passionnants chez ce jeune chercheur, notamment un sur les gens qui payent des abonnements à des clubs de gym pour ne jamais en faire par la suite, à méditer en ce mois de bonnes résolutions) :
  •  "Does Movie Violence Increase Violent Crime" (2009)  S. Della Vigna and Gordon Dahl, Quarterly Journal of Economics, forthcoming.
  • http://www.econ.berkeley.edu/~sdellavi/

jeudi 15 janvier 2009

de l'INSEE et des économistes qui disent des âneries ?




Entendu ce matin à la radio (Europe 1), l'INSEE annonçant la baisse des prix au mois de novembre 2008 et "les économistes" (comme si nous étions une entité monolithique dans notre tour d'ivoire) annonçant une une hausse du pouvoir d'achat.
Réactions scandalisées d'auditeurs, l'un disant que "les économistes racontaient n'importe quoi", l'autre "moi j'ai bien vu que le chou-fleur avait pris 20 cts du jour au lendemain à Super U"  et l'ensemble réclamant notre disparition totale le plus rapidement possible pour cause d'incompétence avérée et répétée ("en plus, ils vont nous baisser le taux du livret A à cause de la baisse des prix" dixit).
D'où mon agacement et ce billet rapide.
En effet, sans aller au-delà d'une réflexion sans doute primaire, l'IPC (Indice des Prix à la Consommation) publié par l'INSEE pour novembre 2008 a une valeur de 106.5 (base 100 en 2005) par rapport à 106.79 un mois plus tôt soit -0.3%. Par ailleurs, l'évolution du salaire mensuel de base de l'ensemble des salariés a été au 3ème trimestre de 2008 fut de +0.7%. soit +0.23% par mois en moyenne (géométrique).
Il y a donc bien une augmentation du pouvoir d'achat (ratio entre la variation du salaire moyen et la variation de l'indice des prix) EN MOYENNE sur le mois dernier, d'environ +0.53% ..
Par ailleurs, encore entendu comme une espèce de litanie ces derniers temps sur ces mêmes ondes, l'IPC ne serait pas un indicateur pertinent (ânerie suprême entendue : "l'indice de l'insee ne prend pas en compte le coût de l'énergie"), ne représentant qu'un panier moyen de la ménagère.. Mais personne ne dit jamais que ce panier est établi sur la base de coefficients budgétaires fonction eux-mêmes de la consommation réelle des ménages français.
Comme quoi, le petit bout de "la lorgnette", émission passée et regrettée, est une attitude malheureusement commune chez mes concitoyens (sans parler de lacunes abyssales en économie...).