samedi 27 juin 2009

Pourquoi l'économie n'a pas besoin de Superman...



En parcourant il y a quelque temps le blog d’Arthur (Charpentier), j’ai découvert cet incroyable blog qui explique l’économie par les comics (ici). Comme je suis moi-même fan de comics au moins depuis que je sais lire, et admiratif de l’idée géniale du blog cité à l’instant, je me suis fait cette réflexion qu’en fait je n’avais jamais pensé à croiser le monde des superhéros et le monde de l’économie.. Pourquoi cela ? Après tout, je suis assez farfelu pour analyser la dimension économique de n’importe quoi, de films de série z en passant par le comportement de ma fille.
En fait, il n’y a rien de moins économique que le monde des super-héros, l’idée fondamentale des comics étant de bannir l’idée de contrainte et de rareté : Superman va où il veut, peut tout faire, ne semble pas manger, détruit des buildings en mettant une déculottée à Darkseid, tout cela sans problème pour le contribuable américain… Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les piliers du monde des super-héros, Superman et Batman sont nés respectivement en 1938 et 1939, à l’issue d’une des dépressions économiques les plus sévères dans les pays occidentaux et à l’aube d’un cataclysme mondial largement prévisible à ce moment là. Les comics sont fait pour s’échapper du quotidien, et le monde qu’ils décrivent est au mieux a-économique, au pire antiéconomique, la contrainte de rareté étant totalement absente ou presque. Même la notion de coût d’opportunité du temps n’a pas de sens pour Superman : il traite de la même manière une mission où il aide un chaton à descendre d’un arbre et un cataclysme impliquant des milliers de victime. Or, même Superman subit en fait la contrainte de son temps disponible, qui n’est malheureusement que de 24h comme tout un chacun…
Bon, essayons d’envisager l’hypothèse de l’existence des super-héros  un brin sérieusement d’un point de vue de leur impact économique. Concentrons-nous sur le cas de Superman, le premier et le plus célèbre de tous les Vigilante. Faisons l’hypothèse que celui-ci conserve son caractère indécrottablement bon et altruiste, sa neutralité digne d’une banque suisse et son sens de l’effort démesuré. Bref une espèce d’ONU incarnée qui serait totalement efficace sur le plan international et qui, de plus, permettrait à toutes les polices du globe de disparaître. Imaginez le supplément de ressources produit par l’existence d’une paix que rien ne peut entamer. On sait bien que la corrélation entre croissance économique et situation de paix est un des faits stylisés les mieux établis, et donc l’économie se porterait beaucoup mieux avec Superman. En fait, Superman serait une sorte de bien public mondial, mais pour lequel aucun effort de contribution n’est nécessaire, un bien public global ex nihilo en quelque sorte.
Le problème est que Superman ne peut exister sans Lex Luthor. Ou Batman sans le Joker. Ou Thor sans Loki, etc.
En fait, Superman ne nous protège que contre les super-méchants, et les super-méchants n’existent que parce que les super-héros existent… Superman, sauf rare exception, ne nous protège pas contre nous-mêmes et tous les maux qui nous accablent, mais intervient uniquement en cas d’agression par un superméchant (extraterrestre, savant fou, mutant, bernard Madoff, biffez les mentions inutiles). Si les superhéros n’existaient pas, pas de problème de superméchants et pas de problème de méta-sécurité. Cela a d’ailleurs génialement démontré par Night Shyamalan dans « Incassable ». Superman génère en fait ses propres super-méchants, un peu comme une usine de production chimique génère de la richesse et des emplois, mais également de la pollution atmosphérique et autres nuisances.
Imaginez un monde peuplé de superhéros (Alex Ross a exploré cette hypothèse dans Kingdom Come) qui s’affronteraient perpétuellement : au bout du compte cela signifie que les dégâts qu’ils causeraient dépasseraient largement le montant des dégâts provoqués par les catastrophes naturelles. Dès lors, les compagnies d’assurance paieraient des dommages doubles ou triples de ceux payés actuellement, mais les primes d’assurance augmenteraient d’autant pour les agents économiques. Donc le coût des maux publics générés par les superméchants et par l’affrontement des gentils et des vilains compenserait sans doute exactement l'avantage du bien public généré par les super-héros.

[D’ailleurs, si le monde était peuplé de superhéros, il en faudrait aussi en Bretagne… L'hypothèse a - heureusement - été peu explorée. L’idée me fait pouffer intérieurement : imaginez Armoroyster, superhéros des côtes d’Armor qui se transformerait en huitre de Cancale géante pour écraser Bignouman, superméchant qui vous estourbit en produisant des sons insupportables. Ou Kouigna-man, qui étoufferait ses adversaires en leur balançant un composé 100% beurre demi-sel et sucre en pleine poire..]

Reprenons le fil de mon propos, avant que je fut interrompu fort impoliment par moi-même. La conséquence ultime de tout cela est que, pour parler par exemple de Superman, il subirait sans doute des milliers de procès intentés par des particuliers, entreprises ou collectivités, qui, au bout du compte, l’obligeraient à raccrocher sa cape pour aller cultiver des Edelweiss dans sa lointaine et inaccessible forteresse de solitude.
PS : je remercie Arthur Charpentier (lien vers son billet) de m’avoir donné l’idée de ce billet en me faisant découvrir l’hallucinant blog ECOCOMICS
PS2 : le titre du billet est bien sûr un clin d'oeil à "Superman returns" de Bryan Singer...

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